Les recherches que j’effectue sur la rédaction numérique m’ont amenée à conduire en 2011 un groupe de discussion avec 8 rédacteurs professionnels. Avec cette recherche, dont les résultats ont été publiés dans la revue Scripta, je poursuivais deux objectifs : 1) vérifier l’étendue des outils informatiques utilisés par les travailleurs du texte et 2) identifier les défis liés à la rédaction numérique.
Sans surprise, les rédacteurs interrogés ont confirmé qu’ils utilisaient de nombreux outils informatiques: traitement de texte, moteur de recherche Web, messagerie, correcteur, dictionnaire électronique, ouvrage de référence en ligne, plateforme de dépôt de documents, tableur, logiciel de reconnaissance vocale, etc. Ajoutons à cela que la réalisation d’un projet de rédaction implique généralement de consulter de multiples documents comme des pages Web, des courriels, des livres numériques, des textes partagés, etc. Comme vous pouvez l’imaginer, la combinaison des outils utilisés et des documents consultés entraîne une multiplication des fenêtres à travers lesquelles le rédacteur doit naviguer. Cette réalité a d’ailleurs été décrite dans une étude de cas publiée en 2014 dans le Journal of Writing Research.
Et c’est justement cette alternance entre les fenêtres que les rédacteurs interrogés ont identifiée comme l’une des principales difficultés de travailler avec les outils informatiques. Selon eux, leur poste de travail est saturé, ce qui ralentirait leur productivité et nuirait à leur créativité. Toutefois… ces mêmes rédacteurs accueillaient avec enthousiasme l’idée d’utiliser de nouveaux outils. C’est paradoxal, non? Ces positions ont été prises à des moments différents de la discussion, ce qui pourrait expliquer en partie la contradiction.
Il n’en demeure pas moins que la situation est réellement paradoxale : il existe plus d’outils que ce que les rédacteurs connaissent et utilisent, et d’autres outils seront créés… alors que le poste de travail est déjà saturé. Attendrons-nous que Microsoft ajoute des fonctions à son traitement de texte? Ou créerons-nous, de concert avec l’industrie langagière, un environnement informatique intégré, dédié à la rédaction professionnelle et basé sur les besoins des utilisateurs?
Je ne parle pas ici de simplement « incorporer » des outils dans un logiciel existant, comme lorsqu’on lance le programme Antidote dans Word et qu’une autre fenêtre s’ouvre. Je fantasme plutôt sur un logiciel de rédaction véritablement intégré et ce logiciel n’a pas encore été créé. Et vous, quel est votre logiciel de rêve? Partagez vos idées en publiant un commentaire!
Note : Je salue au passage les personnes qui ont participé à mon étude et les remercie une fois de plus pour leur précieuse contribution à la recherche.
© Marie-Josée Goulet
Le principe d’Antidote, tel que je l’ai formulé depuis ses tout débuts, est d’intégrer le maximum d’outils en un minimum de fenêtres. Je ne peux donc que souscrire à cette tendance. Je me demande toutefois ce que vous voulez dire exactement par ce « logiciel de rédaction véritablement intégré ». S’agit-il « simplement » d’intégrer tous les outils de référence et de correction directement dans le logiciel de rédaction lui-même, sans jamais ouvrir de fenêtre séparée?
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Exactement! Ce que j’appelle un logiciel de rédaction intégré inclut tous les outils de référence et de correction (comme Antidote), mais pourquoi pas, aussi, les sources d’information et les contenus à réutiliser… Il existe des systèmes performants de gestion et de réutilisation de contenus (mémoires de rédaction), mais ces logiciels semblent peu répandus dans les milieux de travail.
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