Vous avez sans doute remarqué que plusieurs expressions sont utilisées pour désigner la rédaction effectuée avec les technologies : rédaction électronique, rédaction numérique, rédaction 2.0, rédaction web, rédaction en ligne, etc. Ces expressions sont-elles synonymes? En quoi se distinguent-elles? Bref, comment s’y retrouver?
J’ai analysé cette question dans un article scientifique rédigé conjointement avec Laurence Pelletier, candidate à la maitrise en études langagières. Partons de ce schéma (il faut vraiment le lire pour comprendre la suite).
Nous avons dans un premier temps dressé la liste des formes particulières de rédaction (à gauche dans le schéma). Cette liste n’est pas exhaustive. Elle est issue d’une analyse des plus récentes définitions proposées en rédactologie et pourra certainement être bonifiée au fil de nos recherches.
Dans un deuxième temps, nous avons regroupé les types apparentés de rédaction. C’est ainsi que nous en sommes venues à la distinction rédaction électronique / rédaction web. Puis, il fallait choisir une expression générique qui engloberait ces deux catégories intermédiaires. Notre choix s’est arrêté sur rédaction numérique, qui est la traduction de digital writing, une expression consacrée en anglais.
Ce schéma est loin d’être parfait. Les plus futés d’entre vous aurez remarqué que les catégories ne sont pas exclusives. Par exemple, en ce moment, j’utilise un outil en ligne pour rédiger un billet de blogue qui sera publié sur le web. Je fais donc à la fois de la rédaction électronique et de la rédaction web. De plus, le schéma pourrait inclure au moins un autre niveau. Par exemple, la rédaction pour les sites web pourrait se décliner en autant de types de sites qu’il existe (informationnels, commerciaux, personnels, etc.).
Notre analyse, bien que modeste, constitue une contribution originale à la définition des nouveaux types de rédaction engendrés par le numérique. En rédactologie, comme dans n’importe quelle autre discipline scientifique, nous avons besoin d’utiliser des expressions précises afin de désigner des concepts distinctifs. Mais dans la vie de tous les jours, ne pourrait-on pas se passer de ces qualificatifs? Si la rédaction est toujours numérique, et je ne considère pas ici la liste d’épicerie griffonnée sur un bout de papier, l’expression rédaction numérique n’est-elle pas un pléonasme? Et si l’on réservait le terme rédaction pour la rédaction numérique, devrait-on utiliser une expression spécifique pour la rédaction non numérique? Rédaction traditionnelle? Ancienne? Archaïque? Anumérique?
© Marie-Josée Goulet